Les avocates libérales ne sommes pas les seules à subir une inégalité de traitement face à l'arrivée d'un enfant.
Les futurs et jeunes pères aussi voient leurs droits à la présence minimisés.
La différence de traitement vient moins du statut libéral que du conditionnement de nos sociétés traditionelles.
Ce sujet fait d'ailleurs l'objet d'un débat important de la part de nos instances et de la société en général.
En effet, l'OCDE, dans un rapport consacré aux politiques familiales en Europe a a préconisé un congé paternité davantage systématique.
Le gouvernement s'intéresse aussi à la question puisqu'il a commandé un rapport sur l'exercice de la parentalité par les hommes dans le monde du travail.
Même Laurence Parisot, la patronne des patrons considère qu'il faut rendre obligatoire le congé paternité de plusieurs semaines.
Ainsi, la question des pères au travail est désormais politique car elle est déterminante pour faire avancer la cause des femmes.
A cet égard, Françoise FATOUX, délégué général de l'ORSE (Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises) indique que "Lorsqu'on travaille sur la notion de conciliation, on se rend compte très vite qu'il faut que les hommes concilient aussi, sinon cela risque de se retourner contre les femmes. L'égalité en entreprise passe par celle au foyer" mais que, pour cela, "On doit encore travailler sur les stéréotypes masculins. Il faut convaincre les hommes qu'ils peuvent être gagnants dans la stratégie d'égalité. Il faut aussi casser la culture du présentéisme".
Elle considère donc que toute la culture managériale est à revoir.
Cette conclusion ressort notamment du sondage commandité par l’ORSE auprès de BVA dans lequel il apparaît que 81 % des Français considèrent que les femmes feraient plus facilement carrière si les hommes s‘investissaient davantage dans les activités domestiques et familiales.
Les Français considèrent également que les entreprises ont une responsabilité à assumer dans la recherche d’un meilleur équilibre travail et vie familiale. Ils mettent en avant la nécessité :
- de repenser l’organisation du temps de travail (61 % mettent en avant la nécessité de revoir les aménagements d’horaires)
- d’un changement des mentalités au sein de l’encadrement et de la direction (attente de 51 % des Français)
Si les Français croient à un changement possible, ils mettent en avant les discriminations auxquelles peuvent être confrontés les hommes dans leur vie familiale.
A la question : demander à travailler à temps partiel ou à rentrer chez soi un peu plus tôt afin de pouvoir consacrer plus de temps à sa famille, est :
- plutôt bien accepté, à 62 % pour une femme
- plutôt bien accepté, à 22 % pour un homme.
Cet écart important montre la nécessité de mener des actions spécifiques en direction des hommes pour éviter qu’ils ne soient discriminés quand ils veulent eux aussi rechercher un équilibre entre
travail et vie familiale.
Il ressort donc de cette étude que le principal obstacle à un meilleur équilibre des vies professionnelles et familiales au sein d'un foyer est la perception par l'entreprise et la société en général de la place traditionnelle du père.
Tel est le constat dressé par Jérôme BALLARIN, président de l'OPE (Observatoire de la parentalité en entreprise): "les jeunes cadres sont encore moqués par leurs aînés. Il faut tendre vers une nouvelle norme culturelle, un nouveau contrat social".
A cette conception traditionnelle, s'ajoute l'hypocrisie du présentéisme, encore plus oppressant pour les cadres et professions libérales exerçant à Paris.
En effet, beaucoup d'employeur associent encore performance et temps de présence dans l'entreprise.
Jérôme BALLARIN ajoute « En France, il y a un culte du présentéisme : partir du bureau après 19 heures est un signe de motivation du salarié ; dans les pays scandinaves, au contraire, c'est un signe d'inefficacité. »
Ainsi donc, même si les entreprises, particulièrement celles de premier plan, tentent de renforcer le rôle du père, rares sont ceux qui acceptent de "jouer le jeu".
Peut-être serait-il nécessaire que les pères occupant des postes à responsabilité montrent l'exemple.
A l'instar de Jean-Claude LE GRAND, DRH et responsable monde diversité de L'Oréal link, de Philippe VIVIN, DRH du groupe AREVA link, de Frédéric LAVENIR, DRH du groupe BNP Paribas link et de Pierre LELEU, DRH de HSBC France, link, dont les témoignages font état de leur volonté de parvenir à une meilleure conciliation avec les contraintes liées à leur pratique professionnelle. Leur témoignage rejoint pour l'essentiel celui d'une femme dirigeante, Mercedes ERRA, Présidente exécutive de d'Euro RSCG Worldwide link.
Espérons qu'ainsi, les pères pourront enfin prendre leur congé paternité et non comme me le disait récemment une amie avocate que, son mari -avocat fiscaliste- ne prenait pas ses jours de congé paternité car cela était mal vu dans sa structure.
Mais également qu'ils pourront profiter d'une vie familiale plus étendue, avec la possibilté d'aller chercher les enfants le soir ou de s'en occuper certains mercredis.
et ainsi nous décharger un peu! ;-)