En combinant les adages : "le cordonnier est le plus mal chaussé" et "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement", il m'a semblée indispensable de faire un petit rappel de l'attitude à adopter lorsque vous apprenez que vous êtes enceinte.
En effet, j'ai été étonnée de constater à quel point nous étions, professionnelles du droit, totalement ignorantes de nos droits et de nos obligations.
Ainsi, à l'annonce de la nouvelle de la grossesse, pour peu qu'elle se soit un peu fait attendre, nous sommes toutes (en général) folles de joie.
Or, malgré l'envie irrépressible d'en informer les personnes qui partagent la plus grande partie de notre quotidien, à savoir nos collègues, contentez-vous d'en parler à votre conjoint et à votre famille la plus proche.
En tout état de cause, soyez extrêmement vigilante aux confidences faites ou à l'attitude adoptée dans le milieu professionnel. Bref, ne laissez rien paraître tant que vous n'avez pas annoncé par écrit votre grossesse au Cabinet.
Et c'est bien là que réside tout le nœud du problème.
En effet, certaines d'entre vous m'ont confiée avoir informé oralement leur "patron" de la grossesse; lequel nie ensuite toute connaissance de la nouvelle et procède à la notification de la rupture. Il est alors plus difficile de démontrer le caractère discriminatoire de la mesure.
Aussi, pour limiter toute décision de rupture inopinée et arbitraire, vous devez impérativement annoncer votre grossesse par écrit, idéalement par lettre recommandée avec accusé de réception contenant le certificat médical attestant de la grossesse. Personnellement, et afin d'éviter de tendre inutilement des relations, j'ai tendance à penser qu'une information par mail, idéalement avec l'option accusé de réception, est suffisante. Ce qui ne vous empêche pas de l'annoncer en personne (avec l'avantage de ménager les susceptibilités du "patron") dès lors que l'annonce est immédiatement suivie d'un écrit.
Enfin, si certaines craignent qu'un mail les mette en difficulté, il existe un moyen plus subtil de laisser une trace de l'annonce orale. Il est ainsi possible de prendre prétexte d'une échéance dans un dossier en écrivant au Cabinet: "je te rappelle que dans le dossier X, notre communication ou l'audience est fixée au ..., date à laquelle je me trouverai en congé maternité comme je te l'ai déjà indiqué ..."
Cependant, ce dernier cas n'est qu'un subsidiaire et une communication franche par écrit reste préférable.
Si chacune d'entre nous suivait ce conseil d'annonce formelle de la grossesse, je suis persuadée que de nombreuses discriminations seraient évitées (ou reportées au retour de congé maternité!), les Cabinets ayant moins de latitude pour ce faire.
Enfin, si vous constatez qu'à compter de l'annonce de la grossesse, l'attitude du Cabinet change à votre égard, prenez le temps et le soin d'écrire chacune des audiences en province qui vous sont attribuées, les dessaisissements de dossiers et toutes les remarques anodinement assassines qui vous sont adressées.
En tant que de besoin, l'Association se tient à votre disposition.